Revue de presse
Publié le 19 août 2014

Télé qui rit et presse qui pleure

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Un reportage sur une opération militaire dans un dépôt de carburant, un direct depuis l’Elysée, un autre reportage sur les casseurs jugés en comparution immédiate… Mercredi soir, dans son journal de 20 heures, France 2 a consacré 18 minutes au traitement des mouvements sociaux. Un choix payant pour ce lendemain de grève: la chaîne a obtenu sa meilleure audience de l’année, avec plus de 6 millions de téléspectateurs – contre 4,9 millions en moyenne – et 23,4 % de part d’audience ! Le résultat de la veille est tout aussi significatif, avec 5,7 millions de téléspectateurs, selon Médiamétrie.

Pour Thierry Thuillier, directeur de l’information à France Télévisions, la montée du mouvement –et la conquête de l’Audimat– s’est faite en « deux temps« : un premier lié au « début des grèves et des manifestations« , avec une audience légèrement supérieure à la moyenne, et un second correspondant à l’ »entrée des lycéens dans le mouvement » et au « blocage des dépôts de carburant » la semaine dernière. « Depuis, la demande d’information est très élevée et l’audience forte car les téléspectateurs sont inquiets. Au-delà des images spectaculaires, nous essayons de prendre de la distance avec le factuel. »

Pics de connexion sur Internet

Sa rivale TF1 voit aussi ses scores exploser: 9 millions de téléspectateurs ont suivi son 20 Heures les dimanches 10 et 17 octobre, contre 7,5 millions en moyenne. « Ce mouvement va au-delà d’une simple actualité sociale, l’appétence est tout autre« , souligne Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe TF1. Selon l’agence Carat, la durée d’écoute à la télévision a augmenté de 18 minutes par jour sur les trois derniers mardis de grève. Chez i>Télé, Albert Ripamonti, directeur de la rédaction, observe lui aussi une « surconsommation de 30% » depuis le déclenchement des mouvements.

Le Web n’est pas en reste. Les sites d’information ont vu leur audience exploser… avec parfois des bugs techniques dus à des pics de connexion, comme ce fut le cas mardi pour franceinfo.com. « L’internaute passe 88% fois plus de temps sur notre site, comparé à il y a deux semaines« , explique son responsable, Frédéric Wittner. Au parisien.fr, on enregistre 4 millions de pages vues mardi dernier, « soit une hausse de 58% par rapport à la semaine précédente« , souligne Nicolas Charbonneau, rédacteur en chef. Idem chez libération.fr, dont les visites via l’application iPhone ont augmenté de 61% en un mois, et chez europe1.fr, qui a établi son record historique en septembre avec 2.797.000 visiteurs uniques!

Mougeotte: « Si on voulait tuer le papier, on ne s’y prendrait pas autrement« 

Les radios espèrent aussi bénéficier du mouvement. A France Info, on explique être dans le « monosujet » depuis plusieurs jours. « Tous les services sont mobilisés pour expliquer ce mouvement multiforme, que personne ne maîtrise et dont on ne sait comment il va se terminer« , note Cécile Aspe, chef du service économie.

Les plus pénalisés restent les quotidiens, avec six jours de non-parution depuis la rentrée, et des patrons de presse à la grogne. « Si on voulait tuer le papier, on ne s’y prendrait pas autrement« , déplore Etienne Mougeotte dans un éditorial du Figaro intitulé « Les naufrageurs« . Dans Le Monde, Eric Fottorino dénonce une situation « intolérable » et « irresponsable. » « La diffusion de la presse quotidienne nationale étant de 680.000 exemplaires sur un mardi traditionnel, avec un prix moyen de 1,10 euros, la perte pour la chaîne de distribution est de 726.000 euros par mardi de grève« , explique-t-on au siège de Presstalis (ex-NMPP). Lorsque son impression est bloquée par une fraction du syndicat du livre, le gratuit Métro perd, lui, aux alentours de 200.000 euros, un chiffre équivalant à celui du Parisien. « L’impact est très négatif pour le marché publicitaire, rumine Jean-Michel Arnaud, président de Metro France. Ce sont des pertes irrémédiables. »

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