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Publié le 10 mai 2017

De l’incivisme au renouveau civique

Même si aucune étude scientifique n’a quantifié le phénomène, citoyens, élus et médias déplorent le développement d’attitudes contraires aux règles de vie en commun. Simple ressenti ou tendance de fond, l’incivisme devient un sujet de société. De quoi est-il le symptôme ? Quels en seraient les remèdes  ?

L’incivisme varie d’une catégorie sociale et d’un pays à l’autre. Il évolue dans le temps. Il recouvre surtout une grande variété de comportements : ils vont de l’abus de droits à la fraude, en passant par de petites dégradations. Certains se trouvent à la frontière entre manque de savoir-vivre et transgression. L’incivisme n’est pas l’apanage des citoyens, mais concerne aussi les entreprises et les politiques. Pour en expliquer l’essor, des observateurs pointent le développement de l’individualisme et d’une forme d’égoïsme social. Plusieurs soulignent le défi que représente pour certaines communautés l’adaptation à des mœurs éloignées de leur culture. D’autres, enfin, y voient la conséquence de coupes budgétaires successives dans les secteurs public et privé. Une chose est sûre, l’incivisme coûte cher : 80 millions d’euros à la ville de Paris en 2014, 35 millions d’euros chaque année à la SNCF, sans compter ses conséquences sur l’image de marque de notre pays.

Dans le prolongement de la loi du 23 mars 2016 relative à la lutte contre les incivilités dans les transports, les pouvoirs publics haussent le ton. Face à l’inefficacité des campagnes de prévention, de nouvelles méthodes font leur apparition : applications de signalement sur les smartphones, caméras boutonnières, brigades d’intervention à Paris, recours aux travaux d’intérêt général. Certaines communes, comme Cannes, ont conçu de véritables plans de bataille, qui traitent toutes les nuisances de manière systématique. La question est de savoir comment l’on passe de la lutte contre les incivilités au renouveau civique. La réserve citoyenne, censée remplacer le service militaire, est une première réponse. De nouveaux mouvements d’expression populaire voient le jour, même s’ils peinent à s’imposer sur la scène politique. Des applications pour smartphone encouragent et renouvellent la participation citoyenne, en relayant des propositions, en comparant des programmes ou en promouvant des pétitions.

« L’intérêt général est mort, vive l’intérêt général ». Et si cette crise du vivre-ensemble était l’occasion d’une refondation ?