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Publié le 14 octobre 2021

Réseaux sociaux : L’impératif de régulation

Les réseaux sociaux ont envahi notre quotidien et bouleversé des champs aussi divers que l’information, la politique ou les divertissements. Plus d’une décennie après leur avènement, le temps n’est néanmoins plus à l’émerveillement, mais bien au devoir d’inventaire.

Il ne s’agit pas de nier les bienfaits apportés. Pour nombre de communautés diverses ou d’individus isolés, les réseaux sociaux ont ouvert des perspectives qui n’existaient pas auparavant. Formidable outil de liberté, ils ont fait sauter les digues qui enserraient l’accès à l’espace et à la parole publique, permettant l’essor de mouvements politiques et citoyens qui n’auraient jamais vu le jour sans eux. Malheureusement, le revers de la médaille apparaît chaque jour un peu plus visible.

La place croissante prise par les réseaux sociaux dans notre quotidien cannibalise du temps de cerveau disponible qui pour- rait être mis à meilleur profit. Il suffit de jeter un œil à la nature des contenus qui circulent majoritairement sur TikTok ou Snapchat, réseaux très prisés des jeunes, pour s’en convaincre. Des jeunes qui sont soumis dès le plus jeune âge à la tyrannie des gratifications immédiates que sont les likes ou les notifications, menant à une perte d’attention et à des phénomènes addictifs.

Les réseaux sociaux favorisent aussi l’éclosion de nouvelles formes de délinquance et de criminalité, plus difficiles à appréhender et à combattre. Les outils juridiques et policiers n’ont pas encore été pleinement adaptés à cette nouvelle donne, faisant des réseaux une zone d’impunité inacceptable.

Le troisième péril enfin, le plus grave peut-être, est celui que les réseaux sociaux font courir à nos systèmes politiques. D’une promesse démocratique, les réseaux se sont mués en un outil de déstabilisation des processus électoraux et en un champ de bataille où le tribalisme est roi et les fake news prospèrent.

Des mesures fortes doivent être prises, à tous les niveaux, pour que les contenus illicites et dangereux soient retirés de manière diligente et que les plateformes pro- meuvent des usages plus raisonnables de leurs services, en adaptant si besoin leurs algorithmes afin que ceux-ci soient véritablement mis au service des utilisateurs. Enfin, alors que les dégâts provoqués par les réseaux sociaux chez les plus jeunes apparaissent de plus en plus clairement, qu’attendons-nous pour instaurer une véritable interdiction d’utilisation pour les moins de quinze ans ?