Synopsis :
Début 2019, alors qu’en mai les électeurs étaient appelés aux urnes pour élire un nouveau Parlement européen, je plaidais pour « L’Europe utile » et la nécessité de « Retrouver un avenir en commun ».
Personne n’imaginait alors que les cinq années qui suivraient signeraient pour la construction européenne un tournant majeur de son histoire, avec une succession de crises internationales qui, plus clairement que jamais, ont fait la démonstration de son utilité.
Dans un contexte de retour du tragique, de désoccidentalisation du monde en même temps que de démondialisation, et alors que la menace populiste est toujours vivace, l’heure est à la prise de conscience, pour les citoyens qui vont retourner aux urnes en juin 2024 de « L’Europe vitale », seule garante de « la maîtrise de notre destin commun ».
Depuis 2019, des événements majeurs sont venus bouleverser le paysage européen, pour le pire (Effectivité du Brexit, épidémie de Covid, guerre en Ukraine, remise en cause croissante de l’Etat de droit…) mais aussi le meilleur (résilience de l’Europe face aux crises, renforcement du rôle des institutions, solidarité des pays face à l’épidémie et à la Russie, recul en France de l’idée de « Frexit » ou sortie de l’euro qui apparaît désormais comme une chimère…).
Face à l’adversité, une dynamique d’accélération semble avoir porté la construction européenne sur de nombreux aspects :
🔺politique : « l’Europe géopolitique » (et donc réellement politique), « l’Europe de la défense » ne sont plus désormais des tabous ;
🔺économique : l’Europe a pris conscience de ses trop fortes dépendances (dans la santé, le numérique, l’énergie…) et entend désormais se mettre en ordre de bataille pour assurer sa souveraineté économique ; avec le plan de relance post-Covid, la solidarité budgétaire entre pays membres est devenue une réalité (après la crise des dettes souveraines) ;
🔺démocratique : l’Europe a fait des bonds en avant sur la nécessité de mieux impliquer les citoyens avec l’organisation de sa Conférence sur l’avenir de l’Europe, ou encore le vote de sa nouvelle loi électorale (appliquée ou non en 2024 ?) ;
🔺civilisationnel : la guerre en Ukraine est venue révéler que l’Europe, bien plus qu’un marché et une monnaie uniques, était un socle de valeurs unique au monde, qu’il s’agissait de défendre comme tel, envers et contre tout.
La concrétisation du Brexit est venue aussi douloureusement démontrer, par le contre-exemple, le coût de la non-Europe.
Après 70 ans d’existence, l’Europe semble enfin désormais entrée dans l’âge adulte. Poussée à s’adapter dans l’urgence, elle a acquis une autonomie qui dépasse ce qui est écrit dans les traités. Après avoir grandi comme une Europe libérale, elle est en train de se muer en Europe de la protection, commençant à répondre aux attentes fortes des citoyens en la matière.
Et ces derniers ne s’y trompent pas : à un an du scrutin, leur intérêt pour les questions européennes est en hausse. Les citoyens européens doivent prendre conscience que l’Europe est plus qu’UTILE, elle est VITALE :
🔻pour la pérennité de notre civilisation : enjeu civilisationnel (une 3e voie/voix dans la démondialisation) ;
🔻pour exister sur la scène internationale : enjeu géopolitique (pour passer enfin d’un statut de référence mondiale à un rôle d’influence mondiale) ;
🔻pour répondre aux grands défis de notre temps : enjeux environnemental, économique, énergétique, sanitaire,.. ;
🔻pour la pérennité et la vivacité de nos démocraties : faire bloc contre les « puissances révisionnistes » ou autoritaires qui ont pour objectif d’affaiblir notre modèle.
Reste à relever un certain nombre de défis et poursuivre les réformes qui s’imposent, pour calibrer le projet européen à la mesure des enjeux auxquels il doit répondre :
🔹ressouder le couple franco-allemand après une parenthèse d’union libre (un simple « partenariat ») ;
🔹rouvrir l’Europe après la mésaventure du Brexit (à des pays partageant nos valeurs, à l’instar de l’Ukraine, tout en imaginant les nécessités d’un fonctionnement institutionnel réinventé, à l’approche d’une nouvelle vague d’élargissement) ;
🔹s’imposer réellement comme une Europe de la protection, après la phase libérale ;
🔹faire enfin l’Europe de la défense, en jouant sur les complémentarités avec l’Otan ;
🔹se donner les moyens de résoudre la crise migratoire ;
🔹poursuivre une politique industrielle conquérante, afin de créer les géants économiques européens dont nous avons besoin pour offrir un modèle alternatif ;
🔹poursuivre et appliquer les réformes institutionnelles qui feront de l’Europe une démocratie vivante, en phase avec les attentes des citoyens.