Publications > Editos
Publié le 2 mai 2016

Hydroélectricité : l’avenir de filière française passe par l’innovation

Le 22 octobre dernier, la Commission européenne a enjoint la France de procéder au renouvèlement des concessions des 400 barrages hydroélectriques d’une puissance supérieure à 4,5 MW. Privatisation d’un trésor national pour les uns, cette échéance constitue pour d’autres l’occasion de moderniser les installations et de réveiller une « belle endormie ».

Grâce à sa géographie et au soutien de l’Etat, la filière hydroélectrique française comprend 2 250 installations pour une puissance installée de 25 000 MW. Avec une production en 2015 de 53,9 TWh, elle fournit 11,4% de la consommation électrique française et près de 60% de l’électricité d’origine renouvelable. Dans un contexte de lutte contre le changement climatique, cette source d’énergie offre de nombreux avantages. Non émettrice de gaz à effet de serre, seule forme de stockage d’électricité à grande échelle, elle permet à la fois de subvenir à des besoins quotidiens et de faire face à des pics de consommation. L’ouverture à la concurrence des concessions, qui permettra le versement d’une redevance, est encadrée par la loi de transition énergétique : autorisation de regroupement de barrages par vallée, extension de la durée de certaines concessions, création de sociétés d’économie mixte hydroélectrique (SEMH) pour répondre aux appels d’offre. C’est une aubaine pour les collectivités qui en espèrent des retombées économiques et financières. Encore faut-il qu’elles aient les moyens d’investir.

Avec 70 % du potentiel exploité et la nécessité de préserver la biodiversité, l’avenir de la filière française passe par l’innovation. De nouvelles turbines permettent de rentabiliser l’exploitation de basses chutes. Or, la loi autorise désormais la production d’électricité à partir d’écluses, de bases de loisirs ou de déversoirs d’étang. Des entreprises françaises achèvent l’expérimentation d’hydroliennes fluviales et en mer, qui s’inspirent des ondulations des animaux marins pour changer l’énergie cinétique en  électricité. Les barrages de Poutès, en Haute-Loire, et de Rochemaure, en Ardèche, prouvent que l’exploitation peut être neutre pour l’environnement. Les régions Rhône-Alpes-Auvergne, Bretagne et Normandie s’imposent comme des leaders nationaux. Par ailleurs, le savoir-faire français s’exporte dans le nord-est de l’Inde ou en Ethiopie, un pays qui inaugurera en 2017 le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique.

Si, comme le veut le dicton, la France « n’a pas de pétrole », elle a, en ce début de XXIe siècle, des fleuves, des côtes et des idées !