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Publié le 4 juillet 2016

Secteurs privés et publics : pour une lutte tranversale contre le terrorisme

Les attentats ont fait naître un important besoin de sécurité dans les lieux accueillant du public. Très sollicitées, les forces de l’ordre n’ont ni le temps, ni les moyens de garantir un même degré de sécurité partout. D’où l’idée de faire appel à d’autres intervenants, privés et publics, pour les seconder.

En 2014, la sécurité privée en France employait 150 000 salariés et affichait un chiffre d’affaires de 5,7 milliards d’euros. Depuis 2015, le secteur connaît une croissance rapide. Notre pays compte 1 171 sites Seveso, dont 656 installations classées en « seuil haut » et 1 100 opérateurs d’importance vitale.

S’y ajoute l’organisation de l’Euro 2016, premier événement sportif mondial depuis les attentats. La SNCF, les gestionnaires d’aéroports ou les convoyeurs de fonds font depuis longtemps appel à des agents privés armés. Le groupe Séris assure ainsi l’accueil et le filtrage à l’entrée du quartier général du ministère de la Défense, dans le quartier Balard. De même, des gardes armés de la société LPN protègent le siège de Charlie Hebdo. Après avoir pâti d’une mauvaise image, la sécurité privée n’est plus perçue comme un recul de l’Etat régalien. Au contraire, pour certains syndicats, elle s’avère utile si elle est encadrée. D’autant que de nombreuses tâches ne relèvent pas stricto sensu de missions régaliennes.

Le secteur doit néanmoins relever deux défis, ceux de la professionnalisation et de la moralisation. À partir du 1er juillet prochain, le Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), établissement public rattaché au ministère de l’Intérieur, contrôlera les organismes de formation. Le Livre VI du Code de la sécurité intérieure intègre la formation à la sécurité privée. Le certificat de qualification professionnelle prévoit un module de formation à la prévention du terrorisme. Le Cnaps mène aussi des enquêtes de moralité sur les personnels, pouvant conduire au retrait de leur carte professionnelle et à leur licenciement. Si les communes ne peuvent ou ne veulent pas faire appel à la sécurité privée, certaines développent et perfectionnent leurs systèmes de vidéosurveillance, tout en encourageant leurs administrés à la vigilance.

Sans sombrer dans la paranoïa, le risque terroriste exige d’augmenter le niveau de sûreté globale grâce à la mobilisation de tous. Une question demeure : jusqu’où la sécurité peut-elle être coproduite ?