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Publié le 5 septembre 2018

Migrants L’impossible équilibre ?

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Après la crise migratoire de 2015 qui a secoué l’Europe, le problème n’est toujours pas résolu. La France, à l’image de ses voisins, reste profondément divisée, partagée entre sa volonté d’accueil des populations les plus vulnérables et une certaine forme d’appréhension vis-à-vis du phénomène migratoire et des problèmes d’intégration qu’il suscite.

Le débat pourrait être bien plus apaisé qu’il ne l’est si il était débarrassé de quelques contre-vérités. La première de celles-là est que l’immigration zéro est une option pour la France. En réalité, la majeure partie de celle-ci découle de nos obligations internationales, que ce soit au titre du droit d’asile ou du regroupement familial, ou consiste en l’octroi de titres de séjours en faveur d’étudiants. La deuxième contre-vérité est que nous serions confrontés à une « submersion » migratoire, alors même que les flux en Europe se sont considérablement taris et que le solde migratoire français reste assez stable d’année en année.

Le gouvernement évolue sur une corde raide, en tentant de concilier humanisme pour les demandeurs d’asile et fermeté pour les autres. Liberticide pour les uns et trop laxiste pour d’autres, la loi sur l’asile et l’immigration vise notamment à accélérer la procédure de traitement des demandes en raccourcissant les délais de dépôt et à allonger le délai des déboutés de l’asile en centre de rétention administrative (CRA). Mais les CRA sont saturés et souffrent de sous-investissement. Les autorités peinent d’ailleurs à renvoyer les migrants expulsables, certains pays d’origine n’ayant pas forcément intérêt à récupérer leurs ressortissants. Les préfectures et la justice administrative sont également débordées. L’hébergement reste quant à lui toujours aussi problématique, comme en témoigne la situation inacceptable des campements parisiens.

Une réponse européenne est l’unique manière de répondre durablement au défi migratoire. Le règlement de Dublin est mort car il laisse les pays frontaliers seuls en première ligne. La gestion en amont des demandes d’asile et l’harmonisation des procédures entre Etats semblent des pistes prometteuses.

Pour reprendre l’expression consacrée, il n’est évidemment pas question d’accueillir toute la misère du monde, mais simplement d’atteindre l’équilibre entre la défense de nos principes humanistes et la maîtrise d’un phénomène qui peut être déstabilisant s’il n’est pas correctement appréhendé. C’est ce point d’équilibre qui reste à trouver.