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Publié le 4 mars 2019

Infrastructures routières & ferroviaires

La France dispose d’un réseau routier et ferroviaire très développé. Son entretien et sa rénovation sont un enjeu crucial pour le fonctionnement de l’économie et la sécurité des biens et des personnes, mais aussi une question politique majeure. Comme la crise des « gilets jaunes » l’a montré, l’enclavement des territoires est au cœur du sentiment de délaissement qui touche aujourd’hui une partie de la population.

Après des années de sous-investissement chronique, la dégradation du réseau a maintenant pris des proportions inquiétantes. 50% des routes n’ont plus de marquage au sol et 25% des ouvrages d’art ferroviaires sont endommagés. Il y a donc urgence à agir. Le Conseil d’orientation des infrastructures recommande d’investir au minimum soixante milliards d’euros dans les vingt prochaines années, loin du scénario proposé par le gouvernement.

La question du financement est épineuse et illustre parfaitement les ambiguïtés et les impasses de la décentralisation à la française. L’Etat s’est massivement désengagé ces dernières décennies, en confiant la gestion de la majeure partie du réseau routier et ferroviaire aux collectivités territoriales. Dans le même temps, il demande aux partenaires locaux de continuer leur effort d’investissement, tout en baissant les dotations qu’il leur attribue. En tout état de cause, il s’agirait de simplifier et de déterminer clairement à qui la responsabilité des infrastructures échoit, tout en s’assurant d’attribuer les ressources suffisantes à cette politique, soit en fléchant clairement une partie du budget de l’Etat, soit en donnant une certaine autonomie fiscale aux collectivités pour leur permettre de financer elles-mêmes leurs politiques.

Vient ensuite la question centrale de la taille du réseau, qui influe évidemment sur les coûts. Faut-il sauver toutes les « petites lignes » quand on sait par exemple que leur entretien englobe 17% des contributions publiques au système ferroviaire pour une fréquentation de seulement 2% ?

Dans le même temps, il ne faudrait pas voir le renouvellement des infrastructures uniquement comme un fardeau, mais aussi comme une opportunité. L’opportunité de réfléchir à des moyens de transport plus écologiques. L’opportunité pour les collectivités de réfléchir à de moyens de financement innovants.

Réinventer la mobilité tout en assurant la sécurité du réseau, son dynamisme et la desserte effective de tout le territoire, voici l’équation à laquelle sont confrontés les pouvoirs publics, une opération complexe mais qui ne saurait rester trop longtemps sans solution.