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Publié le 7 janvier 2020

Ecrans, enjeux de santé publique

Avec les bouleversements technologiques de ces dernières décennies, nous sommes entrés dans l’ère de l’hyperconnexion. Les écrans sont incontournables, au domicile, au travail et même dans la rue, et les plateformes numériques rivalisent d’ingéniosité pour gagner quelques minutes de notre temps. Sans nier les progrès économiques et humains qu’ont apportés et que continuent d’apporter ces innovations, une prise de conscience doit s’opérer quant à leurs effets nocifs, aussi bien sur le plan individuel que collectif. 

Sous la pression des sollicitations constantes de nos objets connectés, nos comportements changent en profondeur et notre bien-être, physique et mental, en pâtit. Il n’y a plus guère d’activités qui échappent à la consultation compulsive du smartphone et de ses notifications incessantes, avec à la clé une perte d’attention et de concentration et le développement de véritables addictions. L’usage des écrans, le plus souvent assis, se fait au détriment de l’activité physique et provoque de nombreux problème de santé, comme les troubles articulaires ou une dégradation de la vue et du sommeil.

Chez les plus jeunes, la surexposition aux écrans pourrait provoquer à terme des dégâts encore plus graves, tant du point de vue cognitif qu’émotionnel. Le papier, de moins en moins utilisé, permet pourtant de mieux comprendre et de mieux mémoriser que le support digital. Le contact continu avec les écrans peut favoriser le développement de troubles de l’attention et affecter négativement les capacités relationnelles des jeunes enfants, comme la communication ou l’empathie.

Le numérique pose aussi des questions fondamentales pour nos sociétés. L’affaire Cambridge Analytica a révélé la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux afin de manipuler le processus démocratique, tandis que l’usage abusif qui est fait de nos données représente une menace claire pour notre autonomie.

Mettre un frein aux développements technologiques n’est ni possible, ni souhaitable. L’urgence est avant tout d’adapter notre cadre réglementaire, comme cela est en train d’être fait s’agissant de la protection des données personnelles et de la lutte contre les tentations monopolistiques de certaines plateformes, et d’être vigilants, au quotidien, vis-à-vis de nos usages numériques. Les enfants doivent être éduqués et protégés dès le plus jeune âge. Il en va de la sauvegarde de nos modes de vie.