La formation professionnelle est un enjeu majeur, qui répond à une triple préoccupation. D’abord, dans le cas français, résoudre le problème de chômage structurel qui mine le pays depuis des décennies. Ensuite, s’adapter aux bouleversements technologiques qui changent la nature des emplois et forcent les travailleurs à évoluer et à remettre à jour plus fréquemment leurs compétences. Enfin, renforcer la formation c’est aussi permettre à chacun de prendre en main son parcours professionnel et de gagner ainsi en liberté et en autonomie.
Or, malgré le caractère primordial de la formation professionnelle, la France accuse en la matière des retards importants. Selon l’OCDE, 36% des actifs participent chaque année à une action de formation en France. C’est beaucoup moins que chez ses voisins européens. Pire, la formation professionnelle en France ne bénéficie pas aux populations qui en ont le plus besoin : les actifs peu qualifiés et les seniors.
Malheureusement, la formation professionnelle en France a souffert d’un activisme législatif nuisible qui a rendu le système totalement illisible. Depuis 1971, quatorze lois ont été adoptées sur le sujet, finissant par alimenter un millefeuille de dispositifs animés par une pléthore de structures institutionnelles et privées, pour un résultat final peu satisfaisant. Pour remédier à cela, une réforme d’ampleur a été introduite par le gouvernement il y a maintenant un peu plus d’un an.
Dans ses grands axes, elle vise notamment à individualiser le pilotage des parcours de formation, à rationaliser l’offre des organismes, et à créer une instance unique de gouvernance pour le financement du système. Elle donne aussi un puissant coup d’accélérateur à l’apprentissage, passeport qui a fait ses preuves pour l’accès à l’emploi. C’est peut-être sur ce dernier point que le bât blesse, alors que pour le reste, la réforme a globalement bien été reçue. Le transfert de la compétence en matière d’apprentissage des régions aux branches professionnelles inquiète. La crainte est qu’en émerge une vision étriquée de l’apprentissage, qui ne permette pas d’anticiper sur les besoins à long-terme.
Pour les Etats, la mondialisation du XXIe siècle sera avant tout une concurrence entre les cerveaux, où le niveau d’éducation et de formation de la population sera primordial. Il faut donc espérer que la réforme amorcée puisse permettre à la France de prendre part à cette compétition dans les meilleures dispositions.