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Publié le 9 mars 2021

La condition animale : un sujet contemporain

Autrefois quasi-absente du débat politique, la condition animale est devenue un sujet contemporain majeur, comme en témoigne l’adoption très récente par l’Assemblée nationale d’une loi sur le sujet. Le sort réservé aux animaux interroge en profondeur notre modèle de société : directement bien sûr, dans la façon dont nous traitons des êtres sensibles, doués d’une conscience et d’une intelligence qui, quoique différentes des nôtres, n’en existent pas moins. Mais aussi, indirectement, nos manières de consommer, de produire, d’exploiter nos ressources et d’entrer en relation avec la nature.

Cela conduit à remettre en cause l’édifice construit sur la supériorité absolue de l’être humain. Il nous est désormais éthiquement impossible de négliger la souffrance des animaux et de ne pas interroger les usages que nous faisons d’eux : alimentation, médicaments, habillement ou bien cosmétiques.

Un sujet domine tous les autres, celui de l’élevage, tant par la place qu’occupent les produits d’origine animale dans nos vies que par le nombre sidérant d’animaux qu’il concerne à travers le monde, des dizaines de milliards. Il est malheureusement le lieu où prospèrent les pratiques les plus cruelles, poussées par la croissance irraisonnée de notre consommation. Cette situation est d’autant plus condamnable que les intérêts humains et ceux des animaux sont loin d’être complètement divergents sur cette question. On connaît parfaitement les dégâts environnementaux et climatiques provoqués par l’agriculture intensive et les risques qu’une consommation excessive de produits animaux font courir à notre santé. Certaines pratiques considérées comme cruelles font partie d’un corpus culturel auquel certains sont très attachés : la corrida, le cirque ou la chasse. Cela ne constitue en rien une excuse, mais invite à la tempérance et au dialogue. Il faut que la question animale fasse l’objet du consensus le plus large possible, celui du témoignage de notre humanité à ceux qui n’en font pas partie.