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Publié le 19 mai 2013

L’ouverture des données publiques en France

L’ouverture des données publiques a commencé aux Etats-Unis, en 2009, à l’initiative du président Barack Obama. Elle s’est développée au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Australie et au Canada avant de gagner la France avec la création, en décembre 2011, de la mission Etalab et du portail data.gouv.fr.

Même s’il représente un coût pour la collectivité, lié notamment au traitement et au toilettage de l’information, l’open data répond à plusieurs objectifs, de natures très différentes. Il permet aux citoyens et aux journalistes de mieux contrôler l’action publique. Par le croisement de leurs données, les services publics, nationaux ou locaux, peuvent affiner leurs méthodes et leur organisation. En exploitant cette « matière brute », des start-up innovantes ont développé de nouveaux services dans de nombreux domaines de la vie quotidienne : sécurité, suivi des consommations, géolocalisation. Certaines entreprises concurrentes n’hésitent pas à comparer leurs statistiques pour approfondir leur connaissance du marché et optimiser leur processus de production, notamment dans les activités de réseaux. En simplifiant la relation à l’usager ou au consommateur, l’open data facilite l’émergence d’un écosystème collaboratif qui permet d’améliorer, presque en temps réel, la qualité des services rendus. On estime que la réutilisation des données publiques génère chaque année en Europe un chiffre d’affaires de 27 milliards d’euros. A tel point que certains ont parlé de « nouvelle ruée vers l’or ».

Aujourd’hui, le développement de l’open data se heurte à une série d’obstacles. Pour certains, le croisement des données est susceptible de porter atteinte à l’intimité des personnes, ce qui implique d’en restreindre le champ d’application. Des administrations sont encore réticentes à l’idée de publier les données collectées dans le cadre de leurs missions. Enfin, une grande partie du succès économique de l’open data repose sur la gratuité des données, principe qui pourrait, si l’on n’y prend garde, être remis en cause. Le développement harmonieux de cette « nouvelle économie numérique » suppose un soutien public de haut niveau ainsi que la mise en place d’un cadre clair et pédagogique. Si, en démocratie, l’information est un droit, elle devient, grâce au numérique, une source de croissance et d’emplois.