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Publié le 19 août 2014

Zones de sécurité prioritaires : une équation compliquée

Depuis dix ans, la sécurité s’invite au cœur des préoccupations des Français. Si elle s’alimente de la médiatisation de faits divers, elle se nourrit également de faits réels : hausse des incivilités et des dégradations, développement de la fraude, de la mendicité et des trafics. Comment, dans ces conditions, rassurer les citoyens tout en menant le travail de fond nécessaire à un recul durable de la criminalité ?

Depuis 2012, le gouvernement a créé 80 zones de sécurité prioritaires (ZSP). Il s’agit de concentrer les moyens aux endroits les plus sensibles, de combiner actions de répression et de prévention, tout en tranquillisant la population par le biais d’une présence visible. L’originalité du dispositif consiste à proposer une approche globale, impliquant un ensemble d’acteurs, pour traiter des problématiques liées aux caractéristiques de chaque territoire. Après deux ans d’existence, le bilan est positif. Alors que dans ces zones, les cambriolages et les violences ont baissé respectivement de 2,5% et de 29,2%, les interpellations de trafiquants ont bondi de 31%.

Cependant, les maires réclament d’être davantage impliqués dans ce dispositif et pointent les risques de « saupoudrage ».

Par ailleurs, le traitement de l’insécurité nécessite une approche d’ensemble. Plusieurs lois en préparation permettront, à terme, de renforcer la lutte anti-contrefaçon, qui alimente un grand nombre de petits trafics, et celle contre l’apologie du terrorisme sur Internet. Pour être efficaces, ces efforts devront s’inscrire dans un cadre européen. Depuis l’ouverture des frontières en 1995, les Etats ont uni leurs forces pour endiguer une criminalité mondialisée. En témoignent les créations des agences Europol, Eurojust et Frontex ou du Système d’information Schengen (SIS), qui regroupe 45 millions de données. Au niveau local, de nombreuses initiatives de prévention et d’insertion voient aussi le jour.

Face au développement du populisme, l’insécurité doit faire l’objet d’une approche consensuelle, pragmatique et dépassionnée. Fortes de leur succès, les ZSP, véritables laboratoires d’initiatives locales, semblent constituer une réponse efficace et respectueuse des principes républicains.